Cours foncier 2 De la gestion foncière en Algérie historique et objectifs


Cours foncier fait par  MrAzeddine Lecheheb  (maître assistant à l'univeristé Constantine , département d'architecture)
Introduction
Historique et objectifs  
a- Avant 1830 : l'ère précoloniale ou l'ère de l'indivision
  .
b- De 1830 à 1962 : la période coloniale ou l'ère de l'individualisation
         Confiscation des terres habous et arch
         Confiscation des terres beyliks

c- De 1962 à 1990 : l'ère de l'étatisation comme modèle de re appropriation des terres
  
d- De 1990 à 2006 : l’ère de libéralisation

Conclusion

   Une vérité quasi universelle, le droit de construction est fortement attaché à la propriété du sol, dont la gestion foncière en Algérie n'a pas échappée à cette réalité.
   Un aperçu historique va nous permettre de tracer la trajectoire de l'évolution des politiques foncière en Algérie, et leur impact sur l'espace et les formes urbaines engendrées, les objectifs de développement figé et d'esquisser les perspectives du développement futur.
   Cette démarche historique nous permettra de suivre l'évolution chronologique des modes d'appropriation des sols, de montrer d'avantage que toute politique urbaine est intimement liée aux régimes de la gestion du foncier, de prouver que la réglementation urbaine n'est en fin qu'une réglementation d'occupation quantitative des sols, de définir les modalités de gestion et de régulation foncière ainsi que leur impact sur la maîtrise du processus d'urbanisation, et enfin de cerner les phénomènes de la rente et de la spéculation foncière qui ne cesse de se manifester.
    En urbanisme le foncier est le sol non bâti, capital de base de toute propriété. C'est un espace physique, permanent, délimité et divisé en deux ou plusieurs portions dites parcelles destinées à recevoir une construction ou un aménagement quelque soit son propriétaire public ou privé, et quelque soit sa destination, habitation activité ou autres. C’est un potentiel consommable, il devient alors rare. Dans un contexte d'urbanisation il est soumis aux enjeux des différents acteurs et facteurs dont les générations futures devront avoir le droit d'en profiter en tant que consécration du principe fondamental du développement urbain durable.
   Or comme le droit de construction est fortement attaché à la propriété du sol, la gestion foncière en Algérie, a connu des péripéties et des pressions multiples avec différentes formes d’appropriation en fonction de la conjoncture. Ie statut foncier a connu quatre (04) périodes distinctes:
a- Avant 1830 : l'ère précoloniale ou l'ère de l'indivision
   Avant 1830 le pays sous la  protection ottomane, était peu urbanisé. Seulement 05% de la population était citadine, et le reste est paysan. La propriété foncière est perçue comme un cadre d'économie d'autosuffisance fermée, dont la terre était la seule source de richesse et la solidarité sociale constituait  la condition même d'existence. ainsi l'équilibre dynamique est assuré
Les régimes fonciers ont connu une similitude avec les pays du Maghreb, car la Tunisie et le Maroc partagent, le même rite malékite.  Ces régimes ont connu  quatre formes de propriétés:
- Propriété Beylik: à caractère étatique confié au bey et /ou alliés du pouvoir.
- Propriété Arch: à caractère tribal confié aux tribus.
- Propriété Wakf ou Habous: public dit Khairi ou privé appelé Ahli, il est à caractère religieux, destiné aux fins cultuelles et culturelles soumises aux doctrines malikite ou hanbalite ou autres, bien qu’il soit  frappé d'un gel de transaction, il a joué un rôle considérable dans la vie économique et sociale de la communauté.
- Propriété Melk: elle est très réduite pour des raisons purement stratégiques, pour éviter toute montée d'une puissance révolutionnaire locale.
b- De 1830 à 1962 : la période coloniale ou l'ère de l'individualisation
   Contrairement au Maroc et la Tunisie colonisés tardivement, soumis à un régime de protectorat, l'Algérie malheureusement, a subi une colonisation de peuplement, basée sur l'implantation de la communauté européenne.  Ce qui nécessite une besoin considérable des assiettes foncières au détriments de la population locale, c'est une intention affichée dés le premier jour de l’occupation, une démarche régie par le pouvoir militaire qui veuille au contrôle de toute l'étendue du territoire national, qui s'étale du littoral au Sahara, pour éviter toute révolte et soulèvement des tribus.
   Tout le territoire national est soumis sous l'autorité coloniale française aux mesures suivantes:
Confiscation des terres habous par arrêté du 21-09-1830 c'est la première brèche ouverte  dans l'ossature sociale cette confiscation est commise pour permettre rapidement les installations des colons
Confiscation des terres beylics: pour répondre à la progression de la conquête.
Expropriation des terres des tribus: * les propriétés particulières et les corporations qui auront été reconnues indispensable à la colonisation seront expropriées d'urgence pour cause d'utilité publique * déclaration du général BUGEAUD du 18-04-1841 et les tribus résistantes ont perdu 75% de leurs terres (500 000 HA)
- Expropriation des biens ottomans (ordonnance 1844-1845).
- propriété privée contre le régime Arch (loi Senatus Consult 1863).
- délivrance des actes de propriété individuels ce qui constitue les prémices du marché foncier libéral (la loi Warnier de 1873).
- introduction du droit de préemption au profit de l'Etat par la loi de 1926.
- reforme agraire pour atténuer la pression de la guerre de libération (la loi de 1956).
Conséquences socio économiques de cette confiscation : La politique déclarée, était une francisation dépaysante basée sur l'expropriation des propriétés Beylik et Melk, la confiscation des biens Habous et Arch, et émiettement d'une société à l'origine rurale.  L'insurrection des locaux a causé des pertes en hommes, en récolte et en troupeaux très graves. Transfert des terres pour les colons 500 000 HA entre 1851 1865 dont 350 000 Ha furent spoliées aux tribus, 51 sociétés se sont installées seule le société générale s'est dotée de 100 000 HA la compagnie genevoise 12 000 HA
Pour la première fois l'Algérie c'est confrontée à un nouveau régime juridique foncier ou la terre d'origine la seule ressource des algériens c'est perçue comme une marchandise soumise au libre marché véhiculé par une politique coloniale capitaliste d’où l'instauration excessive de l'individualisation des titres de propriété. 

c- De 1962 à 1990 : l'ère de l'étatisation comme modèle de re appropriation des terres
   La nationalisation et l'étatisation comme moyen de réappropriation de l'espace,
signifie la renaissance de l'Etat, qui a remis en cause les régimes fonciers coloniaux.
   La première conviction déclarée, c'est que toute propriété privée symbolise un héritage colonial, dés fois synonyme de trahison récompensée par la France colonialiste. Une vision révolutionnaire soutenue par un régime politique volontariste totalitaire d’une tendance socialiste. 
   Le pouvoir a recouru à l'étatisation et à la municipalisation du foncier par la force publique, par le biais d'un arsenal juridique du à la force de la conjoncture, la main a été mise surtout le foncier mobilisable pour rattraper le retard senti en matière de développement, selon les différentes formes:
- la dévolution des biens vacants à l'Etat (ordonnance n° 66/102 du 06-05-1966)
- nationalisation du domaine rural (ordonnance n° 71/73 du 08-11-1971 portant révolution agraire)
- réserves foncières communales (l'ordonnance n° 74/26 du 20-02-1974)
Opter pour une telle politique foncière, le résultat est la production d’un urbanisme uniforme à grande échelle, exprimé par une série de grands ensembles sous équipés, la détérioration des terrains agricoles valorisés, la propagation  des constructions illicites suite à un exode rural immaîtrisable. Voila les conséquences néfastes d'une attitude qui ne considère pas l'urbanisme comme un acte volontaire pour mettre de l’ordre dans la ville et l’urbanisation  comme phénomène, qui se manifeste sur l'espace et dans le temps.
   Malgré les efforts déployés par l’Etat, la prise en charge exclusive de la promotion du secteur de l’habitat est devenue insoutenable, l’Etat par conséquent a opté pour la limitation de ses droits de propriétés excessifs, et ce avec la promulgation des lois sur le foncier relatif à l’environnement, au littoral, terres pastorales, au domaine forestier, ou bien ceux relatifs à la promotion immobilières.
   Un arsenal juridique qui illustre du retrait progressif de l’Etat, qui commence à être senti,  pour céder la place à tous les acteurs  pour contribuer à la promotion du secteur de l’habitat, pour veiller à la mission de contrôle et de régulation. Un acte qui témoigne d’une prise de conscience et de raison.
d- De 1990 à 2006 : l’ère de libéralisation
   Le passage d'un régime volontariste à un autre libéral, a nécessité des mesures d'assouplissement dans la gestion des biens immobiliers, une chose concrétisée par le régime des forets, du régime pastoral, de la protection de l'environnement, de même pour les textes qui limitent le droit d'usage et d'occupation des sols urbanisables, tels que la loi n° 82-02 du 26-02-1982 relative au permis de construire et de lotir
   La politique foncière instaurée après l'adoption de l'institution de 1989, consacre la rupture avec le régime socialiste. Les trois (03) nouvelles lois, éléments majeurs de cette nouvelle politique sont:
01- la loi n° 90/29 du 01-12-1990 relative à l'aménagement et l'urbanisme et ses textes d’application les décrets exécutifs n° 91/175, 91/176, 91/177, 91/178 du 28-05-1991.
02 - la loi n° 90/30 du 01-12-1990 portant loi domaniale.
03 -  la loi n° 90/25 du 18-11-1990 portant orientation foncière dont les principaux objectifs sont :
- la fixation de la consistance technique des terrains, qu'elle soit agricole, pastorale, forestière, alfatière, saharienne et bien encore urbanisée ou urbanisables, à protéger ou à vocation équivalente
- la fixation du régime juridique du patrimoine, notamment le domaine national public ou privé de l'état de la wilaya ou de la commune la propriété privé et le bien wakfs
- définition des terrains urbanisés ou urbanisable, agglomérés et inclus dans un périmètre d’urbanisation et régis par des instrument d'urbanisme.
- abrogation du régime des réserves foncières communales.
- restitution des terres nationalisées non utilisées à leurs propriétaires d'origine.
- toute propriété doit être notifiée par un acte de propriété authentique, enregistré et publié.
- Instauration de l'outil d'expropriation pour cause d'utilité public contre une indemnisation juste et équitable.
- dotation de l'Etat du droit de préemption, quand il s'agit d'un besoin d'intérêt général.
- désengagement définitif des  collectivités de toute transaction foncière, et la mission sera confiée aux organismes de gestion et de régulation foncières dites agences foncières.
Conclusion
Avant 1830 le pays sous la  protection ottomane, était peu urbanisé. Seulement 05% de la population était citadine, et le reste est paysan. La propriété foncière est perçue comme un cadre d'économie d'autosuffisance fermée, dont la terre était la seule source de richesse et la solidarité sociale constituait  la condition même d'existence. Ainsi l'équilibre dynamique est assuré
Contrairement au Maroc et la Tunisie colonisés tardivement, soumis à un régime de protectorat, l'Algérie malheureusement, a subi une colonisation de peuplement, basée sur l'implantation de la communauté européenne.  Ce qui nécessite une besoin considérable des assiettes foncières au détriments de la population locale, cette colonisation sauvage a eu des conséquences socio économiques néfaste sur le tissu social de l'Algérie , La politique déclarée, était une francisation dépaysante basée sur l'expropriation des propriétés Beylik et Melk, la confiscation des biens Habous et Arch, et émiettement d'une société à l'origine rurale.  Pour la première fois l'Algérie c'est confrontée à un nouveau régime juridique foncier ou la terre d'origine la seule ressource des algériens c'est perçue comme une marchandise soumise au libre marché véhiculé par une politique coloniale capitaliste d’où l'instauration excessive de l'individualisation des titres de
La nationalisation et l'étatisation comme moyen de réappropriation de l'espace,
Signifie la renaissance de l'Etat, qui a remis en cause les régimes fonciers coloniaux.
   La première conviction déclarée, c'est que toute propriété privée symbolise un héritage colonial, dés fois synonyme de trahison récompensée par la France colonialiste. Une vision révolutionnaire soutenue par un régime politique volontariste totalitaire d’une tendance socialiste. 
   Le pouvoir a recouru à l'étatisation et à la municipalisation du foncier par la force publique, par le biais d'un arsenal juridique du à la force de la conjoncture, la main a été mise surtout le foncier mobilisable pour rattraper le retard senti en matière de développement, selon les différentes formes:
  Le passage d'un régime volontariste à un autre libéral, a nécessité des mesures d'assouplissement dans la gestion des biens immobiliers, une chose concrétisée par le régime des forets, du régime pastoral, de la protection de l'environnement, de même pour les textes qui limitent le droit d'usage et d'occupation des sols urbanisables . La politique foncière instaurée après l'adoption de l'institution de 1989, consacre la rupture avec le régime socialiste.

Bonne lecture !

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